Nollaig na mBan, le Noël des femmes : Portraits d'irlandaises ayant marqué nos sociétés
Celebrating the stories of Irish women who have contributed to the development of our two countries and societies.
En Irlande, on célèbre traditionnellement le 6 janvier "Nollaig na mBan", le Noël des femmes. Dans la lignée de cette belle tradition, les équipes de l’Ambassade ont sélectionné, à partir d'une longue liste de candidates, les histoires de six femmes d'exception.
S'étalant sur trois siècles, ces histoires sont jalonnées d’actes de bravoure, de combats pour l’égalité et pour la libération nationale, d’héritages culturels et d’actes de compassion et de soin durant les conflits. Nous remercions l’illustrateur dublinois Conor Merriman d'avoir mis en image ces portraits de femmes.
Mary Ann McCracken (1770 – 1866)
Mary Ann McCracken est née en 1770 à Belfast. Sa mère, Ann Joy, vient d’une famille huguenote française. Mary Ann participe au mouvement des United Irishmen et est convaincue que les valeurs de liberté et d’égalité prônées par le mouvement doivent être étendues aux femmes.
Après la mort de son frère Henry Joy, et l’arrestation de son autre frère William, elle continue à s’opposer à l’union avec l’Angleterre et à soutenir la cause révolutionnaire. En 1803, Mary Ann aide le rebelle Thomas Russel à s’échapper de prison à Belfast et organise sa fuite pour Dublin. En 1814, elle devient membre du comité féminin de la Belfast Charitable Society, une association caritative qui s’occupait des femmes et des enfants dans les foyers de pauvreté de Belfast. Tout au long de sa vie, elle a soutenu l’égalité pour les femmes, l’abolition de l’esclavage. Elle a également enseigné pendant de nombreuses années dans une école non confessionnelle.
Lady Pamela Fitzgerald (1773 – 1831)
Lady Pamela Fitzgerald est née à Newfoundland en 1773. Fille adoptive de Félicité de Genlis, elle déménage à Paris à l’âge de six ans, emmenée par un émissaire du Duc d’Orléans pour être une dame de compagnie anglophone pour ses enfants. La jeune Lady Pamela était connue pour sa fabuleuse chevelure, coiffée d’un bonnet rouge, symbole de la Révolution. Après avoir marié le fameux chef rebelle Edward Fitzgerald, elle s’installe en Irlande et devient une fervente supportrice de l’indépendance irlandaise.
Durant un épisode de rébellion, Lady Fitzgerald et son mari sont forcés de se cacher. Après la trahison d’une de ses servantes, Edward Fitzgerald meurt poignardé au Château de Dublin le 4 juin 1798. Après la mort de son mari, Pamela s’exile à Hambourg avec sa fille, Little Pam. Leur portrait, par l’artiste Mallary, est visible dans l’un des salons de réception de l’Ambassade. Elle se marie ensuite avec le Consul américain à Hambourg, Joseph Pitcairn.
Speranza Jane Wilde (1821 – 1896)
Poétesse et écrivaine, Jane Francesca Agnès est née à Dublin en 1821. Son héritage est souvent oublié au profit de son célèbre fils, Oscar. Ses écrits comprennent des recueils de poésie mais aussi des essais qui capturent l’héritage irlandais, son folklore et célèbrent ses mythes et ses légendes. Son poème The Famine Year fut la première réponse poétique à la Grande Famine (1845 – 1852). Speranza Jane n’est pas seulement une illustre figure littéraire, elle est aussi une fervente supportrice de l’indépendance irlandaise. Sa maison devient un lieu d’échanges sur le futur politique et culturel de l’Irlande pour les intellectuels et activistes de l’époque.
Jane Wilde séjourne en France dans les années 1850, où elle est exposée à divers mouvements littéraires et philosophiques. Cela contribue à la profondeur et à la portée de ses écrits et de ses plaidoyers.
Mary Agnes Doherty (1888 – 1916)
Selon les estimations, plus de 200 000 hommes irlandais ont combattus dans l’armée britannique pendant la Première Guerre Mondiale. L’histoire des femmes irlandaises ayant participées à l’effort de guerre est bien moins connue. Plus de 5 500 femmes d’Irlande ont travaillé en tant qu’infirmières au sein du comité de guerre conjoint de l'Ambulance Saint-Jean et de la Croix-Rouge britannique, apportant des soins médicaux aux blessés de guerre. Parmi ces femmes, plus de 500 d’entre-elles ont travaillé dans des hôpitaux militaires ou dans les postes d'évacuation des blessés, souvent proches du front. Des milliers de femmes travaillaient aussi dans les usines de munitions en Irlande et en Angleterre.
Mary Agnes Doherty est née dans le Comté de Derry en 1888. En 1914, Mary Agnes commence à travailler en tant qu’infirmière à l’Hôpital Dr Steeven de Dublin. Elle décide de se porter volontaire au sein du Queen Alexandra Imperial Military Nursing Service (QAIMNS) (corps des infirmiers de l’armée britannique). Pendant la guerre, elle est en poste dans un hôpital français, où elle est décorée de la Croix Rouge Royale pour son service et son dévouement est mentionné dans les dépêches. Depuis la France, Mary Agnes est transférée sur le front macédonien, où elle contracte la malaria et meurt en service.
Mary Elmes (1908 – 2002)
Mary Elmes est née à Cork en 1908. Mary s’installe en France pour étudier à la Sorbonne où elle s’implique dans l’humanitaire. Infirmière pendant la guerre civile espagnole, elle quitte l'Espagne pour la France en 1939, où elle aide les réfugiés espagnols internés au camp de Rivesaltes.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le camp de Rivesaltes accueille désormais des Juifs raflés, Mary travaille activement à leur libération. D’août à octobre 1942, Mary et ses collègues sauvent plus de 427 enfants du camp de Rivesaltes. En 2015, Mary reçoit le titre de Juste parmi les Nations, une reconnaissance attribuée par Israël pour les personnes non-juives qui risquèrent leurs vies pour sauver les Juifs durant l’Holocauste. Mary est la seule personne irlandaise à avoir reçu cette distinction.
Margaret Kelly, Miss Bluebell (1910 – 2004)
Margaret Kelly est née en 1910 à Dublin. Kelly est surnommée « Bluebell » (bleuet) dès son plus jeune âge en raison de ses grands yeux bleu perçants. Cela devient ensuite son nom de scène. Elle déménage à Paris en 1931 et se produit avec la Folies Troop, aux Folies Bergère, une salle de cabaret du 9e arrondissement. En 1932, elle crée la légendaire troupe de danseuses Bluebell Girls. Pendant la guerre, Kelly dirige une petite troupe de danse qui se produit dans de petits cabarets. Après la libération, les Bluebell Girls se reforment.
Tout au long de sa carrière, Kelly fait progresser et transforme le monde du cabaret, notamment au célèbre Lido de Paris et au Moulin Rouge. Sous sa direction, les Bluebell Girls acquièrent une renommée internationale. Elle est nommée Chevalier de la Légion d'Honneur en 2000.